L’ONG Max Havelaar France, membre fondateur du mouvement international Fairtrade/Max Havelaar, agit pour un commerce équitable, respectueux des droits humains et de l’environnement. Avec le label Fairtrade/Max Havelaar, elle mobilise les entreprises, les consommateur·rice·s et les pouvoirs publics afin de transformer les pratiques et de soutenir les producteur·rice·s et travailleur·euse·s défavorisé·e·s. Max Havelaar est partenaire de la deuxième édition des Rencontres du Développement Durable.
Comment votre organisation s’engage-t-elle dans la transition ?
Depuis sa création à la fin des années 1980, le mouvement Fairtrade/Max Havelaar s’engage quotidiennement pour la transition du commerce mondialisé traditionnel vers un commerce international qui ne soit pas synonyme d’exploitation humaine, de violations des droits, ni de destruction de la planète, en promouvant un commerce éthique et responsable.
Aujourd’hui, les prix des matières premières agricoles sont fixés dans les bourses internationales et sont complètement déconnectés des coûts de production. Leur niveau bas et leur fluctuation ne permettent pas à celles et ceux qui produisent les denrées qui nous nourrissent de vivre décemment de leur travail.
Le commerce équitable vise à construire un monde dans lequel les producteur·rice·s et les travailleur·euse·s agricoles puissent vivre dignement de leur travail, notamment en garantissant un prix minimum d’achat des matières premières, en distribuant une prime de développement aux coopératives certifiées et en rééquilibrant le rapport de force entre producteur·rice·s et acteurs industriels et distributeurs. Garantir que les agriculteur·rice·s perçoivent un revenu suffisant pour leur assurer des conditions de vie dignes, c’est également garantir qu’ils·elles puissent investir pour le développement social et la transition écologique dans leurs communautés.
Pourquoi est-il nécessaire de se mobiliser à l’échelle de l’Union européenne ?
Si le changement du commerce international passe par des entreprises volontaires qui s’engagent en faveur des droits humains et de l’environnement, la mise en œuvre de politiques publiques fortes est aussi indispensable. Le cadre réglementaire doit évoluer pour que toutes les entreprises soient tenues d’adopter des pratiques commerciales équitables, de respecter les droits des travailleur·euse·s et de protéger l’environnement.
Plusieurs initiatives intéressantes, plus ou moins contraignantes, ont vu le jour ces dernières années, notamment la loi sur le devoir de vigilance en France en 2017 ou les initiatives nationales pour un cacao durable en Allemagne, en Belgique, aux Pays-Bas et en Suisse. Pour avoir l’impact le plus efficace pour le plus de producteur·rice·s et travailleur·euse·s, ces lois et initiatives doivent être reprises à l’échelle de l’Union européenne. La mobilisation de l’UE sur les questions de devoir de vigilance et de politiques commerciales équitables permettrait de créer une dynamique de marché, où les entreprises n’auraient plus d’autre choix que de rémunérer équitablement leurs fournisseurs, de respecter leurs droits fondamentaux et de protéger l’environnement.
Quel sens donnez-vous au « monde d’après » ? Dans quelle mesure les ODD doivent-ils contribuer à le dessiner ?
Depuis près d’un an et demi, il y a un consensus sur le fait qu’un retour au « business as usual », où les inégalités, les violations des droits humains et les dommages environnementaux sont systémiques, est inenvisageable. Le monde d’après doit émerger d’une réforme de la façon dont nous produisons, dont nous consommons et dont nous faisons du commerce. Nous devons quitter le modèle actuel qui est source de destruction de la valeur et de rapports de force inégaux entre les premiers maillons de la chaîne et les négociants et distributeurs, pour entrer dans une interdépendance entre les pays et entre consommateur·rice·s et producteur·rice·s. Une interdépendance fondée sur l’équité et la durabilité économique, sociale et écologique, piliers des ODD.
Pour ne « laisser personne de côté », le monde d’après devra s’inspirer des principes du commerce équitable : répartir la valeur jusqu’au bout de la chaîne d’approvisionnement pour s’assurer qu’agriculteur·rice·s et travailleur·euse·s puissent vivre décemment de leur travail, réaliser leurs droits et protéger l’environnement ; remettre les droits des personnes et la protection de l’environnement au centre des chaînes d’approvisionnement ; stopper la surexploitation des ressources et privilégier un modèle agricole respectueux de l’environnement.