Exiger l’égalité entre les filles et les garçons et le respect de leurs droits fondamentaux, c’est garantir un monde plus juste et durable. Depuis sa création en 1993, l’ONG Plan International France lutte pour faire respecter les droits des enfants, en particulier ceux des filles. Jean-Maurice RIPERT, Ambassadeur de France et Président de l'ONG Plan International, interviendra pendant Les Rencontres du Développement Durable pour revenir sur l'ODD 4 : Education de qualité lors d'une journée intitulée « Vers la France de 2030 » qui aura lieu le 16 septembre à l'Assemblée nationale.
➡️ Présentez vous et expliquez nous ce vous faites au sein de votre organisation pour faire avancer la transition ?
Diplômé de Sciences Po Paris et de l’École nationale d’administration, j’ai rejoint le ministère des Affaires étrangères en 1980 au sein duquel j’ai occupé différents postes à l’administration centrale, en ambassade et dans divers cabinets ministériels. J’ai aussi travaillé au sein de l’Union européenne et de l’Organisation des Nations Unies. Ambassadeur de France, ma carrière est marquée par un engagement constant sur les dossiers liés aux enjeux globaux : coopération au développement, environnement et développement durable, promotion des droits humains, droits des enfants, justice pénale internationale, protection des civils. Je me suis aussi spécialisé dans la gestion des crises et dans l’action humanitaire dans les zones de conflits. Après 40 ans de carrière diplomatique, j’ai rejoint l’ONG Plan International France en tant que président pour y poursuivre mon engagement à titre personnel.
Depuis sa création en 1993, l’ONG Plan International France lutte pour faire respecter les droits des enfants, en particulier ceux des filles. En contexte de développement ou en situation d’urgence, l’ONG intervient en Asie, Afrique et Amérique Latine en apportant aux enfants des solutions positives, co-construites avec les communautés locales et à impacts durables. Le changement climatique impacte directement les droits des filles, notamment en situation d’urgence : nous aidons les enfants, en particulier les filles, à comprendre le changement climatique, ses impacts et à s’y adapter. Nous encourageons aussi leurs initiatives en matière d’adaptation au changement climatique. L’ONG mène enfin un travail de plaidoyer auprès des décideur·euse·s politiques ou institutionnel·le·s pour que les droits des enfants, et en particulier ceux des filles, soient toujours pris en compte dans les politiques de solidarité internationale et dans les stratégies climatiques nationales.
➡️ Comment utilisez vous les ODD pour structurer votre action et votre réflexion ?
Les ODD sont directement liés aux droits de l’enfant et à la Convention internationale des droits de l’enfant qui les définit : la pauvreté (ODD 1), la faim (ODD 2), la santé (ODD 3), l’éducation (ODD 4), l’égalité des sexes (ODD 5) ou le changement climatique (ODD 13). Dans son travail, l’ONG Plan International France s’appuie particulièrement sur l’ODD 4 à savoir « Assurer l’accès de tous à une éducation de qualité, sur un pied d’égalité, et promouvoir les possibilités d’apprentissage tout au long de la vie ». L’éducation est un droit fondamental – garanti par les articles 28 et 29 de la Convention internationale relative aux droits de l’enfant – et un levier qui permet aux enfants de s’émanciper et d’agir comme acteurs de changement. L’éducation est aussi un levier d’atteinte de l’égalité filles-garçons dans les pays en développement. Exiger l’égalité entre les filles et les garçons et le respect de leurs droits fondamentaux, c’est garantir un monde plus juste et durable.
Les ODD et la transition écologique ne pourront être atteints sans l’éducation. Une éducation inclusive et de qualité qui promeut l'égalité de genre est une composante essentielle de la réponse mondiale au changement climatique, notamment en vue d’en diminuer les effets et les risques. Cette éducation dote les enfants et les filles de compétences nécessaires pour améliorer et revendiquer leurs droits, pour être des leaders de leurs communautés et pour prendre des mesures pour lutter contre le changement climatique.
➡️ Selon vous qu’est ce qu’une planification écologique réussie pour la France et pour l’Europe ?
Une planification écologique réussie pour la France et pour l’Europe, est une planification qui saura notamment impliquer les jeunesses, en particulier les filles et jeunes femmes, dans la conception, la mise en œuvre et le suivi des stratégies climatiques. Les filles restent en première ligne de la crise climatique : leur participation à l’élaboration des politiques climatique est donc primordiale.
Afin d’améliorer la résilience des populations, des enfants et des filles notamment, l’éducation et la prévention demeurent des leviers cruciaux. Il est urgent de soutenir les filles pour qu'elles acquièrent les compétences dont elles ont besoin pour répondre aux changements climatiques et à ses multiples conséquences.
Enfin, une planification écologique réussie est une planification qui assure une justice climatique : la France et les pays de l’Union européenne, des pays riches qui sont historiquement responsables de la plupart des émissions, doivent apporter leur soutien aux communautés les plus touchées par la crise climatique. La transition écologique doit dépasser nos frontières et intégrer avec elle l’ensemble des continents.
➡️ Si vous aviez une recommandation à faire formuler à la Première ministre chargée de la planification écologique, quel message lui feriez-vous passer ?
L’ONG Plan International France demande une augmentation des investissements en matière d’éducation pour aider les jeunes, notamment les filles, à faire face aux effets du changement climatique. Chaque année supplémentaire de scolarisation d’une fille permet d’améliorer dans son pays la résistance aux catastrophes climatiques. Il est donc primordial que la Stratégie Nationale Bas-Carbone, la feuille de route de la France pour lutter contre le changement climatique, reconnaisse les avantages de l'investissement dans l'éducation des filles et traduise cette reconnaissance dans les budgets carbone associés. De même, le troisième Plan national d’adaptation au changement climatique pour la période 2023-2027, doit accorder la priorité à l’investissement dans l’éducation, notamment dans le cadre de l’action internationale de la France