Lancé dès 1988, le mouvement Fairtrade / Max Havelaar a mis au point un modèle de commerce équitable labellisé et basé sur des cahiers des charges rigoureux. Fonctionnant d'une manière collective et démocratique, il regroupe des ONG et des représentants de producteurs et s’est aujourd'hui implanté dans plusieurs dizaines de pays, du côté des producteurs comme des consommateurs.
Quel est l’enjeu clé en matière de développement durable pour vous ? Quel est l’ODD absolument prioritaire ?
L’enjeu clé pour les acteurs français serait de sortir d’une conception un peu restreinte du développement durable, encore trop souvent vu comme un synonyme d’action environnementale alors qu’il s’agit d’une discipline plus complexe, dont les composantes doivent être considérées de façon interconnectée. Historiquement, le mouvement Fairtrade / Max Havelaar agit de façon plus visible sur les ODD 1 (filets de sécurité pour des populations pauvres), 12 (sensibilisation des consommateurs et des entreprises à des pratiques plus vertueuses) et 17 (partenariats entreprises-producteurs-consommateurs), mais la puissance de l’agenda 2030 réside dans l’ensemble des champs qu’il couvre : difficile dans ce contexte de décréter qu’un ODD en particulier est prioritaire, même si la situation mondiale est particulièrement critique pour certains d’entre eux.
La Convention citoyenne pour le climat a montré l’importance pour les citoyens d’appréhender pleinement les enjeux de développement durable. Pourquoi est-ce si important ?
Pour commencer, force est de constater que l’exercice est plutôt une réussite ! Les 149 recommandations issues de seulement 9 mois de travaux perturbés par la crise du Covid-19 ont abouti à une feuille de route robuste et cohérente. Les outils étatiques traditionnels n’ont que rarement permis, en aussi peu de temps, d’aboutir à des mesures aussi opérationnelles dont tous les acteurs doivent s’emparer. Cette convention aura surement des conséquences directes sur la façon dont la France élabore ses politiques publiques. N’oublions cependant pas que certaines recommandations relèvent plus des acteurs économiques et des consommateurs : tout le « poids » de l’action ne repose pas sur les pouvoirs publics. La mobilisation de tous sera clef pour obtenir des résultats rapides. Et la proposition d’interdiction des « faux labels » est intéressante dans notre champ.
Pour mener à bien cette transition, quels acteurs doivent se mobiliser ? Pourquoi faut-il dépasser le clivage traditionnel entre secteurs public et privé ?
La réponse est dans la question ! Et c’est justement la démarche des Rencontres du Développement Durable : réunir des acteurs différents pour trouver des solutions écologiquement durables et socialement justes. Elle fait directement écho à la démarche de commerce équitable, qui fait le lien entre les différentes organisations, les producteurs et les consommateurs. Les choses commencent à bouger : de plus en plus d’entreprises prennent des positions et engagements allant dans le sens de l’intérêt général, de la protection des biens communs. Il faut accompagner le mouvement, mais aussi l’accélérer : pouvoirs publics et organisations de la société civile ont un rôle particulier à jouer sur ce dernier point : 2030 est demain