« Nous avons dix ans pour agir » et limiter le réchauffement climatique à 2°C. Pour cela, une diminution des émissions de gaz à effets de serre (GES), responsables du dérèglement climatique, est nécessaire.
Cette obligation vitale implique des choix de société à long-terme qui modifieront nos manières de vivre et généreront inévitablement des crispations. En effet, si chaque individu vivait comme un Français, il faudrait trois planètes pour couvrir les besoins de la population. Les transformations à envisager sont donc systémiques.
Notre système de production doit évoluer vers une logique de réutilisation et de réemploi en appliquant les principes de l’économie circulaire et de l’éco-conception. La fiscalité doit aussi être transformée : aujourd’hui, la fiscalité écologique ne représente que 2,2 % du PIB en France contre près de 4 % au Danemark. Elle est, de surcroît, pensée comme une fiscalité de rendement - taux faible, base large. La fixation d’un prix écologiquement pertinent du carbone est une nécessité pour que le signal-prix incite aux changements d’habitudes des ménages et des entreprises. Le rapport Quinet de février 2019 démontre que la valeur tutélaire du carbone est de 250 € la tonne en 2030 alors que la taxe carbone s’élève à 44,60 € la tonne. Pour une plus grande justice fiscale, cette fiscalité doit donc être accompagnée d’une redistribution en fonction des revenus et des projets des ménages visant à baisser les émissions de GES.
Ces transformations structurantes ne requièrent pas seulement l’assentiment des citoyens mais aussi leur participation. Nos institutions politiques doivent être modifiées en ce sens. Des instances de délibération puis de participation sur les enjeux climatiques doivent être mises en œuvre à toutes les échelles territoriales pour améliorer la connaissance des citoyens sur les enjeux climatiques et renforcer leur action. Alors qu’une majeure partie de la population s’opposait à l’augmentation de la taxe carbone, une des propositions de la convention citoyenne pour le climat, mûrie à la suite de plusieurs journées d’études, est la reprise de l’augmentation de cette taxe. De même, la puissance publique doit anticiper et accompagner ces changements avec les branches professionnelles en proposant des plans de formation afin que l’économie ne soit pas un frein mais un moteur pour l’écologie.
Enfin, le dérèglement climatique souffre d’une absence de définition claire des concepts qui peut entraîner un manque d’adhésion des individus. Le débat sur la neutralité carbone dans le cadre de la loi climat et résilience en témoigne. Les secteurs d’avenir sont ceux nous garantissant une baisse de notre empreinte carbone. L’empreinte écologique des nouveaux biens et services doit ainsi être évaluée sur l’ensemble de leur cycle de vie.
Les Rencontres du Développement Durable seront l’occasion d’un point d’étape sur ces avancées, d’une perspective sur les chantiers à suivre, et de propositions concrètes pour un capitalisme de progrès.