L’actualité de l’été 2021 aura été un condensé de ce que le monde regorge de bouleversements, et ces derniers sont nombreux.
D’abord, la menace existentielle que constituent le réchauffement climatique et la dégradation de la biodiversité, tous deux intimement liés, se manifeste déjà de façon très concrète, par la multiplication des phénomènes climatiques majeurs tels que les canicules, les feux de forêts ou les tsunamis. Le Covid en est l’une des conséquences par la déforestation.
Dans le domaine géopolitique, les guerres changent de nature : depuis les guerres asymétriques opposant des Etats à des groupements terroristes, internet devient un nouveau champ de bataille, d’autant que les cyberattaques sont encore peu régulées par les Etats et le droit international. Depuis la fin de la Guerre froide, qui s’est structurée sur les institutions du système de Bretton Woods, le monde est devenu multipolaire, mais aussi de plus en plus polarisé au gré de l’émergence de dirigeants populistes en rupture avec le pacte de valeurs multilatérales supposer fonder l’ordre international.
Le domaine économique est lui aussi profondément affecté par le numérique, source de nouvelles activités et de nouvelles formes de travail qui posent des défis en matière de justice fiscale et sociale (déconnexion entre les bénéfices et la taxation, conditions de travail des travailleurs des plateformes, exploitation des données personnelles des utilisateurs, etc.). Plus généralement, les transformations de l’économie liées au numérique ou encore à la transition écologique requièrent de nouvelles compétences et qualifications, affectant le marché du travail.
Sur le plan politique, la montée des populismes et nationalismes dans les démocraties occidentales est le symptôme d’une défiance croissante des citoyens envers leurs dirigeants, accusés de ne plus servir les intérêts du peuple, et alimentant une crise de la démocratie représentative.
S’il existe aujourd’hui un quasi-consensus politique à agir, le débat demeure quant à la nature de l’objectif à atteindre et aux moyens à mettre en œuvre pour y arriver. Quel dessin, donc ? Qui pour le dessiner, avec quels outils et comment ?
A l’urgence climatique ou la rapidité d’internet, semble s’opposer le temps long de la transition : celui des institutions démocratiques, qui requièrent des lois, des procédures, des débats politiques et citoyens ; celui des structures économiques et des chaînes de valeur, des ressources naturelles au panier de consommation finale. Ces adaptations à l’urgence ne sont pas impossibles, comme l’a démontré notre incroyable résilience pendant la crise sanitaire de la Covid-19 et les confinements successifs - une résilience coûteuse toutefois, en nombre de morts bien sûr, mais aussi sur la santé mentale des jeunes notamment. Le défi sera ainsi de conjuguer, à l’urgence de l’action, les valeurs fondamentales qui nous caractérisent, pour permettre une transition respectueuse des droits et libertés fondamentales et une transition socialement juste pour tous.
Pour penser et faire le monde d’après, des esprits avant-gardistes d’arts et d’imagination pourront aider à déplacer les frontières des possibles. La connaissance et la mémoire de l’histoire sauront aussi nous léguer quelques enseignements importants. Nos valeurs, celles de l’état de droit, de la démocratie et de la solidarité, devront, en définitive, être notre première boussole.
Les Rencontres du Développement Durable seront l’occasion d’un point d’étape sur ces avancées, d’une perspective sur les chantiers à suivre, et de propositions concrètes pour un capitalisme de progrès.