Lors de la journée des Rencontres du Développement Durable consacrée au thème "Conduire une transition juste", nous avons pu assister à une Keynote avec Valérie Masson-Delmotte, paléo-climatologue, directrice de recherche au CEA, et co-présidente du premier groupe du GIEC.
En 2015, l’Accord de Paris sur le climat réunissait 196 pays signataires autour d’un objectif précis : l’augmentation de la température mondiale ne devait pas dépasser 2°C par rapport à l’ère préindustrielle. Aujourd’hui, 5 ans seulement après la signature de l’Accord, nous faisons face à une augmentation de plus de 1 °C à la surface de la planète. L’autre grand objectif de l’Accord - la neutralité carbone à horizon 2050 - est lui aussi en péril.
Selon les chiffres du rapport spécial du GIEC de 2018, 66% du budget carbone mondial alloué pour contenir l’augmentation de la température mondiale sous 2°C a d’ores et déjà été dépensé et ce niveau atteint 84 % pour celui qui vise à contenir l’augmentation de la température mondiale sous les 1,5°C. Autant dire que notre marge de manœuvre est infime.
Conséquence de ce réchauffement continu, nous allons devoir vivre avec une intensification des événements extrêmes dont les plus identifiables sont les sécheresses, les vagues de chaleur de plus en plus régulières, la destruction d’écosystèmes complexes, et les conséquences en mer avec l’augmentation du risque de submersion.
Que faire alors ? Doit-on baisser les bras face à l’inéluctable ? Non, au contraire, nous pouvons toujours faire en sorte d’atténuer - voire même de supprimer - les effets négatifs du réchauffement climatique en développant des politiques publiques et des actions privées résilientes.
Le GIEC y prend part en mettant à disposition de tous des informations fiables et directement en phase avec la pluralité des réalités territoriales. A la manière d’un actuaire qui prend en compte les risques financiers, sociaux et environnementaux au préalable de chaque investissement, les acteurs privés et publics peuvent développer des actions cohérentes, sur la base de ces informations.
Il est donc important pour cela d’envisager les choses dans leur globalité : il ne s’agit pas uniquement d’un calcul mathématique qui mettrait en relation émission de gaz à effet de serre et absorption de ces mêmes émissions. Il s’agit véritablement de prendre en compte les vulnérabilités intrinsèques des populations et des écosystèmes locaux dans leurs dimensions plurales et complexes.
Les ODD ont cela d’efficace qu’ils permettent, en amont de tout projet, de mettre en perspective les impacts sociaux et environnementaux potentiels et donc de les anticiper et in fine de chercher à les éviter. Il nous faut désormais prendre cela en compte à toutes les échelles de nos vies, et de nos institutions publiques comme privées.