L’Organisation internationale du Travail (OIT) est l’agence des Nations Unies pour le monde du travail. Elle a été fondée en 1919 dans le cadre du Traité de Versailles qui met fin à la première guerre mondiale, pour incarner l’idée qu’il ne saurait y avoir de paix universelle et durable sans justice sociale. L'OIT est partenaire de la deuxième édition des Rencontres du Développement Durable.
Comment votre organisation s’engage-t-elle dans la transition ?
Nous ne réussirons la transition vers l'économie bas carbone que dans la justice sociale. C'est pourquoi l'implication des acteurs du monde du travail est si importante, car ils sont les mieux à mêmes de définir dans le dialogue social et la négociation collective les réponses aux besoins des femmes et des hommes, compatibles avec la protection de la nature, de la biodiversité et du climat. Nous n'avons d'autre choix que de répondre en même temps aux défis du développement, de la lutte contre la pauvreté et les inégalités et de l'environnement. Il n'y aura pas d'emplois sur une planète morte, il n'y aura pas non plus de transition écologique sans travail décent.
C'est le sens de l'engagement de l'OIT dans la lutte contre le dérèglement climatique. La Déclaration du centenaire de l'OIT pour l'avenir du travail et l'Appel mondial à l'action pour une reprise centrée sur l'humain après la crise du COVID-19 soulignent que l'environnement est devenu l'un des principaux moteurs du changement transformant le monde du travail. Désormais, la promotion d'une transition juste est au cœur du mandat de l'Organisation. La dimension environnementale est intégrée dans le budget et les programmes de l’OIT : toutes nos actions doivent intégrer cette dimension.
Ainsi, le 1er septembre dernier, l'Organisation internationale du Travail (OIT) et l'Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) ont signé un nouveau protocole d'accord pour sensibiliser à l'interdépendance entre les emplois et la nature. Ce protocole d'accord vise à formaliser la collaboration déjà en cours entre les deux organisations afin de promouvoir et de soutenir, entre autres, Green Works, la création d'emplois décents grâce à des investissements dans la reforestation, la conservation des sols et de l'eau, la réhabilitation de l'environnement et l'adaptation au changement climatique.
Quel sens donnez-vous au « monde d’après » ? Dans quelle mesure les ODD doivent-ils contribuer à le dessiner ?
« Si nous voulons sérieusement créer un travail décent pour tous, conformément aux Objectifs de développement durable, nous ne devons pas oublier que les emplois d'aujourd'hui et de demain dépendent de la préservation des écosystèmes et sont sensibles à la perte de biodiversité. En d'autres termes, sans une planète saine, il ne peut y avoir d'économie productive ni de travail décent », a déclaré le Directeur général de l'OIT, Guy Ryder.
Les mandants de l'OIT reconnaissent de plus en plus le rôle important que l'Organisation et eux-mêmes doivent jouer dans la lutte contre le changement climatique.
En réponse, le Bureau a intensifié ses travaux sur des projets qui contribuent à atténuer et à s'adapter au changement climatique, grâce à des outils et instruments issus du monde du travail. Les projets de l'OIT ont aidé des pays comme le Bangladesh, Haïti et les Philippines à faire face aux impacts du changement climatique causé par les typhons et les catastrophes naturelles.
L'OIT a utilisé des programmes d'emploi d'urgence pour aider les travailleurs et les communautés qui ont tout perdu du jour au lendemain à trouver de la nourriture et un abri tout en contribuant à la reconstruction de leurs actifs commerciaux, de leurs maisons et de leurs infrastructures locales.
Des mécanismes de protection sociale innovants permettent aux pays, aux entreprises et aux travailleurs de se protéger contre les risques climatiques et de devenir plus résilients aux futurs chocs climatiques.
Les programmes de développement des compétences aident les pêcheurs et les agriculteurs à acquérir de nouvelles compétences leur permettant d'accéder à de nouvelles professions telles que les menuisiers ou les ouvriers du bâtiment en s'adaptant aux conséquences inévitables du changement climatique.
Quels types d’acteurs est-il essentiel de mobiliser pour mener à bien la transition écologique ?
La spécificité de l’OIT tient à sa structure tripartite, associant les États, les représentants des employeurs et les représentants des travailleurs.
Le développement durable n’est possible qu’avec la participation active du monde du travail. Les gouvernements, les employeurs et les travailleurs sont des acteurs du changement, capables de concevoir de nouvelles modalités de travail qui préservent l’environnement pour les générations actuelles et futures, luttent contre la pauvreté et fassent progresser la justice sociale, en favorisant les entreprises durables et en créant des emplois décents pour tous.
Les emplois verts sont ainsi au cœur du développement durable et apportent une réponse aux enjeux mondiaux de la protection de l’environnement, du développement économique et de l’inclusion sociale. En engageant les gouvernements, les travailleurs et les employeurs à être des agents actifs du changement, l’OIT œuvre concrètement en faveur de l’écologisation des entreprises et du travail dans son ensemble.