“Notre maison brûle et nous regardons ailleurs.” Ces quelques mots, désormais célèbres, prononcés par Jacques Chirac à l’attention des dirigeants du monde lors du 4e Sommet de la Terre en 2002, prennent toute leur dimension aujourd’hui. Mais plus encore, quelques mots plus loin, bien moins connus du grand public, se trouve une affirmation tout aussi éloquente. “L’humanité souffre. Elle souffre de mal-développements, au Nord comme au Sud, et nous sommes indifférents.”
La lutte contre le changement climatique et pour une transition durable ne s’inscrit pas seulement dans une logique punitive de décroissance abusive : elle s’épanouit avec nous, dans notre bien-être quotidien. Alors, pour une plus grande efficacité, remettons l’humain au cœur de cette nécessaire transition.
Une société épanouie, sous tous les aspects, est une société pouvant déployer tous ses atouts pour provoquer une transition durable. Et plus durable sera le mode de vie de ses habitants, plus pérenne sera cette transition. Ne pas souffrir de la faim, pouvoir se soigner en toute circonstances, disposer d’un habitat décent, accéder à l’éducation et la culture : le bien-être est une réalité se jouant sur de nombreux tableaux, qui ne doivent pas être les parents pauvres de la transition écologique. Sinon nous risquons de construire une solide bâtisse sur des fondations de paille. Agir pour la nature passe également par notre bien-être.
Barbara Pompili, Ministre de la Transition Écologique, annonçait le 27 juillet dernier à la suite du conseil de défense écologique la lutte contre les passoires thermiques. L’habitat, mal isolé, insalubre dans certains cas, est un levier puissant de la transition durable, tout en ayant la lourde charge de nous servir de foyer. Plus largement, quel modèle devons-nous penser pour nos futures villes durables ? Connectées, riches de fermes urbaines, aux mobilités douces… Les maires ont fort à faire dans cette croisade, alors sachons entretenir la flamme de l’écologie là où nous plaçons la nôtre : dans notre foyer.
Plus de 30 000 signataires. Voici le chiffre dont peut se targuer le Manifeste Étudiant pour un Réveil Écologique, lancé en 2018. Rassemblant des étudiants de tout le spectre de l’enseignement supérieur, il appelle à une plus grande sensibilisation aux questions environnementales dans le parcours de ces derniers, tout comme dans l’emploi qui en découle par la suite. Car vivre durablement s’apprend. L’école à toutes ses échelles irrigue tous les autres aspects de la transition écologique : il est plus facile de construire un système durable, lorsque l’on s’est construit des habitudes durables. L’école étant l’antichambre du futur, donnons lui la place nécessaire dans la transition écologique.
Enfin, arrêtons-nous sur une dernière constatation d’actualité : crise pandémique rime nécessairement avec crise sanitaire. Le lien n’aura jamais été aussi criant entre protection de la biodiversité et fragilité sanitaire, car c’est bien notre impact sur la nature qui semble avoir favorisé l’émergence d’une zoonose comme le nouveau coronavirus. Comment mettre en place des systèmes de santé à la hauteur de notre ambition égalitaire ?
Pour soigner notre Terre, n’oublions pas de soigner ses habitants. Les Rencontres du Développement Durable seront l’occasion d’aborder ces sujets, et d’étudier toutes les perspectives et solutions s’offrant à nous pour s’assurer un futur qui ne néglige pas l'accès au bien-être.