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Pour une relance européenne juste

Juliette Kirscher-Luciani

22 octobre 2020

Lors de la journée consacrée au thème “Construire l’Europe de l’écologie” des Rencontres du Développement Durable s’est tenue une Keynote dans laquelle Manon Aubry, Députée européenne et Co-présidente du groupe de la Gauche Unitaire Européenne, est revenue sur le plan de relance européen et sur les enjeux qui l’entourent. Thomas Friang, Fondateur et Directeur général de l’Institut Open Diplomacy a modéré cette Keynote.

Le plan de relance Next Generation EU est-il le fer de lance de la transition écologique européenne ou une autre pièce dans la machine à carbone ?

Sur le plateau des Rencontres du Développement Durable, Manon Aubry, Députée européenne et Co-présidente du groupe de la Gauche Unitaire Européenne, bat en brèche le mythe du « plan sauvetage » qui viendrait miraculeusement résoudre la crise sanitaire et écologique. Si cette initiative est nécessaire, il reste encore des efforts à fournir pour créer le cadre dont elle a besoin.

Le plan de relance européen doit permettre d’emprunter 750 milliards d’euros, à raison d’environ 100 à 200 milliards par an, mais il est jugé insuffisant au regard de son volume. Pour preuve, il représente de 2 % à 4 % de PIB par pays, alors que ceux-ci connaissent une baisse de PIB d’en moyenne 11 % - estimation pour le second semestre 2020.

En outre, sans contrepartie contraignante pour assurer une conditionnalité au respect de l’état de droit, le plan de relance ne peut garantir une transition écologique et solidaire collective. Comment s’assurer que les 27 gouvernements et leurs parlements nationaux utiliserons bien les moyens financiers mis à leur disposition pour mettre en œuvre la transition, pour que chaque citoyen puisse en bénéficier ?

Le « Fonds de transition juste », qui entre dans le Mécanisme de transition juste, financé par le plan de relance Next generation EU et le cadre financier pluriannuel, a été étendu, lors de la session plénière de septembre 2020, aux investissements gaziers. Comment expliquer, qu’un tel fonds puisse à terme, servir au financement d’énergies fossiles ? En creux, comment permettre conjointement la reconversion de notre modèle et la conservation de l’emploi des entreprises du secteur ?

Car la marche européenne vers la transition est encore longue et les mesures disparate : à titre d’exemple, la politique agricole commune (PAC) a été amputée de son budget consacré au fonds sur la transition climatique du modèle agricole.

Si tous les efforts des organes politiques et juridiques de l’Union Européenne ne convergent pas vers la transition écologique, le plan de relance risque de rester un instrument insuffisant au regard de la crise que nous traversons.