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Nadège TROUSSIER

Professeure et Directrice générale adjoint des Arts & Métiers

8 septembre 2022

 

➡️ Présentez vous et expliquez nous ce vous faites au sein de votre organisation pour faire avancer la transition ?

Je suis Nadège Troussier, Enseignant-chercheur à Arts et Métiers, je m’implique dans l’évolution de mon établissement pour accompagner la transition écologique. Après une dizaine d’années de travail scientifique sur l’évolution des connaissances et compétences nécessaires au développement d’une ingénierie soutenable, j’ai rejoint une équipe de pilotage de l’établissement pour participer à l’évolution de nos formations. Il s’agit de développer des compétences technologiques en support de(s) transition(s) écologiques possibles basées sur la promotion de la techno-diversité comme capacité d’adaptation à un environnement en pleine évolution. L'ingénieur Arts et Métiers doit maîtriser (dans ces cycles de recherche de solutions / décisions) les enjeux liés à notre milieu de vie. Nous contribuons à former et armer les futurs cadres tout en gardant une vision lucide pour les rendre conscients sur le fait que les technologies ne seront pas la solution unique, mais un des leviers de réussite. En tant qu’acteur de l’établissement, j’espère aussi pouvoir contribuer à l’évolution de nos pratiques professionnelles afin qu’elles entrent le plus vite possible dans les limites planétaires tout en développant les réponses aux besoins humains fondamentaux.

➡️ Comment utilisez vous les ODD pour structurer votre action et votre réflexion ?

Les ODD permettent de se positionner dans une contribution institutionnelle prioritaire identifiée et communicable. Cependant, il existe une interdépendance forte entre les ODD, qui signifie que pour contribuer à un ODD, les actions mises en œuvre doivent concerner l’ensemble des ODD. Ce niveau d’inter-relations reste difficile à mettre en évidence mais sont pourtant nécessaires pour aborder sérieusement le sujet du développement durable. Par exemple, comment parler de production et consommation responsable (ODD 12) ou d’industrie, innovation et infrastructure (ODD 9) sans parler de bonne santé et bien-être (ODD3) ou d’éducation de qualité (ODD4) ? Donc les ODD sont nécessaires pour identifier les contributions prioritaires ciblées mais sans doute pas suffisants pour définir un plan d’action opérationnel pour accompagner la transition. Les ODD sont donc un cadre qui aide à ouvrir les visions très techno-centrées de nos formations (étudiants et enseignants) aux dimensions complémentaires sociales et environnementales. En complément, nous mobilisons aussi d’autres cadres de travail pour ancrer une vision plus illustrée et opérationnelle de la diversité des trajectoires possibles et des choix à faire pour contribuer aux ODDs.

➡️ Selon vous qu’est ce qu’une planification écologique réussie pour la France et pour l’Europe ?

Il s’agit d’une planification à la fois réaliste et à la hauteur des enjeux. Pour ce second point il s’agit de faire évoluer notre (nos) culture(s) de façon à créer des espaces de vie sûrs et justes sur les territoires. Ceci doit intégrer tous les acteurs des territoires et leur permettre de développer une autonomie multi-échelles à prévoir dans les infrastructures, les règles de fonctionnement de notre société, les capacités à mobiliser, réutiliser les ressources, la possibilité pour les populations de reprendre la main sur leurs besoins et leurs façons d’y répondre, etc. L’éducation et la culture technique doivent être un point central du développement de la capacité d’adaptation à planifier. Ethique, soin, sobriété, résilience, adaptabilité, low tech, approches collaboratives et partage de savoirs et savoirs faires ... sont des valeurs et approches qui doivent être développées dans cette planification au service de la transition écologique et des citoyens.

➡️ Si vous aviez une recommandation à faire formuler à la Première ministre chargée de la planification écologique, quel message lui feriez-vous passer ?

J’aimerais que la France fasse le choix d’un développement humain responsable comme priorité, avant toute notion de profit et développement économique. Ceci implique de voir l’économie comme une façon d’atteindre des objectifs de développement de notre société et non comme une finalité. Ceci implique aussi de passer de pratiques de centralisation à plus de confiance et d’autonomie, tout en donnant les moyens du développement de cette autonomie. Il faut donc un projet de société revisité, misant sur la responsabilité de chacun et de tous, dans le cadre des limites planétaires.