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Mixer nos énergies

| Lucas Mir

2 septembre 2021

Environ trois quarts de nos émissions de gaz à effet de serre (GES) peuvent être associées à nos usages de l’énergie en France, dans l’Union Européenne et dans le monde. Il est clair que l’enjeu climatique est avant tout un enjeu énergétique et que l’ambition d’une « transition énergétique » est la bonne. Cependant, il est reconnu que notre niveau de consommation d’énergie détermine notre niveau de développement et que la forme de nos usages énergétiques influence nos modes de vie. Changer de modèle énergétique est donc une tâche immense qui interroge ces liens. Quels critères pour une économie soutenable ? Comment concilier limites planétaires et progrès social ? Quel mix énergétique au meilleur coût et pour de meilleurs résultats ? Il s’agit là de questions transversales qui lient les échelles locale et globale, les horizons de temps court et long, et s’étendent sur les terrains politique, économique ou encore technologique.

Face à des questions si complexes et pourtant urgentes, il est nécessaire de prioriser l’action en suivant par exemple une approche sectorielle qui vise à classer les principaux usages de l’énergie selon leurs émissions territoriales de GES. Suivant cette méthode, c’est le secteur des transports qui est le premier contributeur aux émissions territoriales en France avec une part d’environ 30 % en 2019. Il est suivi par les secteurs de l’industrie manufacturière, du bâtiment, et enfin de la transformation d’énergie à qui sont associés respectivement 19 %, 17 %, et 10 % des émissions territoriales de GES.

L’électrification de ces secteurs, avec une électricité décarbonée grâce aux énergies renouvelables et au nucléaire, n’est qu’un des deux piliers de la transition énergétique. En effet, les émissions territoriales de GES françaises sont aujourd’hui en baisse mais à un rythme insuffisant pour respecter nos engagements. Cette situation traduit la tension forte entre progrès technique ou réglementaire et la forme de nos usages. En pratique, les gains d'efficacité énergétique ou la réduction du contenu carbone de l’énergie dépassent partiellement ou sont effacés par l’évolution des pratiques qui augmentent les besoins en énergie. Fort de ce constat, il est clair que la sobriété des usages doit aussi être au cœur de notre transition énergétique. 

Les Rencontres du Développement Durable seront l’occasion d’un point d’étape sur ces avancées, d’une perspective sur les chantiers à suivre, et de propositions concrètes pour un capitalisme de progrès.