Revenir au site

Construire une Europe durable

| Sven Martens

2 septembre 2021

Le dernier rapport du GIEC paru le 9 août 2021 dresse un nouveau constat alarmant sur le réchauffement climatique. Dans cette lutte, l’Union européenne (UE) entend se doter des moyens de construire une Europe durable, c’est-à-dire soutenable sur les plans écologique, économique et social.

La Commission européenne a présenté le 11 décembre 2019 un plan d’action inédit, le Green Deal. Il vise à transformer l’économie et la société européenne pour répondre aux enjeux de développement durable et de justice sociale. L’Union européenne souhaite réduire de 55 % les émissions de gaz à effet de serre d’ici 2030 et atteindre la neutralité climatique en 2050. 1 000 milliards d’euros seront ainsi déployés sur dix ans à travers des mesures transsectorielles. 

Le pacte vert est d’autant plus pertinent dans le contexte de la crise sanitaire qu’il permettra de contribuer à la relance des économies européennes. Les investissements pour la recherche et développement, et les objectifs en termes de création d’emploi constitueront une réponse à la crise économique.

Cependant, l’adoption en l’état du Green deal rencontre divers obstacles. Plusieurs mesures sont des actes législatifs, requérant donc un accord entre les trois institutions engagées dans la procédure législative ordinaire : la Commission, le Conseil de l’UE et le Parlement.

Si les vingt-sept Etats membres s’accordent sur la vision globale, les avis divergent sur les moyens et les échéances. Par exemple, la Pologne demeure très dépendante du charbon, qui représente 70 % de sa production d’électricité. Elle ne s’estime donc pas capable de tenir les objectifs fixés par Bruxelles, malgré l’aide prévue pour les pays dans son cas, le fonds de transition juste de 100 milliards d’euros.

Par ailleurs, le Green deal pourrait être perçu comme insuffisant du côté du Parlement européen, dont certaines propositions risquent de ne pas être retenues par les autres institutions. Par exemple, le Parlement appelle à faire preuve d’ambition dans le mécanisme d’ajustement carbone aux frontières, qui consisterait à faire payer les entreprises qui exportent vers l’UE depuis des pays aux normes climatiques jugées trop faibles. Or, une contribution importante du Parlement permettrait aussi d'asseoir la légitimité du Green deal, alors que l’UE est régulièrement critiquée sur son déficit démocratique.

Enfin, la mise en œuvre du pacte vert semble aller de pair avec une politique monétaire cohérente, sous la responsabilité de la Banque centrale européenne (BCE). La question se pose alors de son engagement envers ces objectifs, alors que rien n’est inscrit dans son mandat. Une récente communication du 8 juillet 2021 du conseil des gouverneurs de la BCE semble indiquer qu’elle se saisit de ces enjeux, à l’image de son engagement de prendre en compte des critères environnementaux dans la diversification de son portefeuille d’actifs.

Les Rencontres du Développement Durable seront l’occasion d’un point d’étape sur ces avancées, d’une perspective sur les chantiers à suivre, et de propositions concrètes pour un capitalisme de progrès.